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04/11/2019

Migration...

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Je marche depuis des jours et des jours...
J'ai faim.
J'ai soif.
J'ai envie de me poser mais j'ai peur.
Les gens me croisent, indifférents, je ne suis qu'un errant de plus.

De fait, je suis un migrant, un "nègre blanc" comme disait Boris Vian.
Mes ongles ne me trahiront pas car personne ne regarde les ongles d'un SDF.

J'ai froid...
Je me suis embarqué, comme beaucoup, pour connaître une vie meilleure.
Ceux qui donnent des nouvelles disent qu'ils sont cousus d'or.
Les autres ? On pense qu'ils sont morts, tués par les passeurs, par la mer, enfermés par "l'Administration", que sais-je.

Cette maison semble abandonnée, vide, je vais y jeter un coup d'oeil.
Elle ferait un abri presque confortable je suis sûr.
Ça ne fera de tort à personne, je ne veux qu'y dormir et manger un peu.
Avec un peu de chance il y aura un foyer où je pourrai me chauffer un peu d'une flambée de quelques bûches.

Lorsque j'aurai repris des forces je me mettrai en quête d'un travail.
Il sera mal payé, évidemment pas déclaré car je n'ai pas de "papiers".

Personne ne m'appellera "Blanche neige" car je suis trop clair mais je suis l'un d'eux.
Allez ! Je ferai la plonge et un peu la cuisine dans un restaurant.
C'est là qu'on nous trouve en général.
Ou bien dans les vieilles maisons abandonnées...

21/10/2019

Départ

devoir de Lakevio du Goût1.jpg

Il fait froid et il pleut.
Ça fait des jours et des jours que je me demande si je vais avoir le courage de partir.

J'en ai assez de cette vie.
Toujours les mêmes copines.
Dans le même café à tenir les mêmes discours sans fin ni décision.
Et toujours le même avenir bouché.

Oh ça, pour me seriner "Ailleurs ce n'est pas mieux, tu sais !" ou "Tu crois qu'ailleurs l'avenir est plus rose ?" Il y a du monde !
Pour prendre une décision, oser y aller voir, là, plus personne...
Comme si je ne le savais pas que l'avenir est bouché aussi, que le travail manque et que les étrangers ne sont pas appréciés... Pfff...

J'ai envie d'aller en France, c'est beau, je l'ai vu à la télé au café.
Bon, elle a mauvaise réputation.
On dit que les Français sont racistes, comme si on appréciait mieux les étrangers ici !
Le même discours partout sur ceux qui viennent d'ailleurs.
"Ils nous prennent notre travail ! ", comme si je ne savais pas qu'ils prennent surtout le travail qu'on leur laisse ! Celui qu'on ne veut pas faire !

Mais c'est décidé, j'ai décidé, je pars à Paris.
Je ne sais pas encore comment mais j'y arriverai, c'est sûr.
Je suis sûre que j'arriverai à passer pour une vraie Parisienne, que je mangerai des croissants et irai chez le coiffeur toutes les semaines...
Je me ferai même faire les ongles !
Je serai enfin une vraie Parisienne.

Je m'en vais.
Je pars faire mes études à Paris.
Je suis sûre que j'y trouverai l'amour, que j'irai à la Closerie des Lilas, je ne croiserai pas Hemingway, évidemment mais à la terrasse, je boirai mon café le petit doigt en l'air avec mon premier salaire de baby-sitter.
Je ferai ça, c'est décidé, comme une jolie Parisienne.

En attendant il faut que je rentre.
Maman m'attend pour partir travailler, je dois aider mon petit frère à faire ses devoirs et préparer le repas.
Je sors de mon rêve éveillé pour dire avec lassitude "
A demain les filles..."

Un jour, j'irai à Paris, c'est sûr, j'y vivrai même...
Mais quand ?

 

 

14/10/2019

Le sens du devoir…

devoir de Lakkevio du Goût.jpg

Regardez les ! On penserait qu'ils sont en train se séparer.
De fait c'est un peu ça.
Pour une ânerie, une histoire de blog...

Déjà, ils n'ont plus l'âge de continuer ça.
Un blog, c'est la Préhistoire !
Même instagram est déjà démodé.
On ne trouve plus que des "vieux" là-dessus.
Les jeunes sont partis ailleurs, sur des réseaux vaguement secrets.
Ils en avaient assez de croiser leurs parents partout.

Elle, c'est une nostalgique.
Elle a ouvert un blog où elle raconte leur histoire.
Elle le trouve si beau, si intelligent...
Elle a commencé à recevoir des commentaires, des élogieux et des fâcheux.
Un blog, ce n'est pas comme la vraie vie, dans la vraie vie, on essaie d'être courtois, on prend des gants.

Lui en revanche refuse absolument de voir sa vie étalée sur un "truc" que tout le monde peut lire.
Il ne veut pas qu'on se moque de leur histoire.
Ils sont bien capables de se séparer pour ça.
Vont-ils se séparer, vous l'apprendrez si vous trouvez son blog...

 

30/09/2019

Coquillages et crustacés...

devoir de lakevio du gout No10.jpg

La plage est vide, plus de corps étalés et luisants d'ambre solaire.
Le soleil descend, le vent se lève.

Que font ces deux petites filles seules qui se tiennent par la main ?
Mais où sont donc les parents ?

Voilà ! Refaire l'histoire du Petit Poucet à l'économie avec deux enfants !
Bon, c'est petit et même pas digne d'un réalisateur de série B.

Elles sont mignonnes ces deux petites blondes...
Voyons... Un prédateur qui rôde...
Mais non, pas même un mauvais policier avec un "happy-end" et tout le monde en pleurs.

Jules, le directeur du journal vient de me donner ma chance !
Écrire une nouvelle en partant de cette photo.
Le lectorat ? La "ménagère de plus de cinquante ans".
En gros, il me faut écrire pour les mamies.

Je le sais bien que ces deux petites filles sont parties aux Roches Noires pour ramasser des coques pour leur grand mère.

Mais elles ne savent pas qu'on les cherche.
La troisième
sœur, la grande, va tout expliquer aux parents affolés.

Elles seront embrassées, remerciées, tout finira bien.
Ça va faire vendre du papier, ça...



23/09/2019

La femme de dos.

devoir de Lakevio du Gout No9.jpg

Racontez-nous lundi un conte qui commencera par cette phrase du grand Albert :
« Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus. »
Conte qui se conclura par ces mots du familier Verlaine :
« Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila. »

Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus.
Ils dansaient pour la dernière fois.
Ils allaient se séparer et ils le savaient.
Je me projetais déjà dans ma nouvelle vie.
Une vie sans corvée, d'adolescente, une vie que je n'avais pas vécue car j'avais remplacé ma mère et élevé mes deux sœurs et mon petit frère.
Je ne voulais pas d'enfant.
J'en avais déjà élevé trois et trouvais cela suffisant.
Largement suffisant...

Je regarde le tableau qui représente exactement ce que je veux vivre.
C'est drôle comme les responsabilités exercées trop tôt peuvent rendre immature...
Lui, imbécile aveugle, pense qu'en perdant sa compagne il perd plus que l'amour.
Il voit à peine au delà de la perte d'une intendante.
De moi qui lui prépare ses bagages lors de ses fréquents déplacements.
De la cuisinière experte qui l'attend au milieu de la nuit.

Qui allait lui cirer ses chaussures maintenant ?
Nous dansons...
Nos corps s'accordent...
L'habitude ?
J'ai pensé à un ancien flirt.
J'allais essayer de le retrouver.

Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.